L'été en enfer

Napoléon III dans la débâcle

Autor/Hrsg Auteur/Editeur: Chaudun, Nicolas
2011, Actes Sud, Paris 2011, ISBN10: 2742792783

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Rezension / Compte rendu:
Napoléon III réhabilité

Kaiser Napoleon III und sein Handeln während des deutsch-französischen Kriegs von 1870/71 werden in diesem Buch rehabilitiert.

On a beaucoup écrit sur les événements d’août 1870, l’armée impériale pulvérisée, le trône renversé, le territoire envahi. L’effondrement instantané du Second Empire a abasourdi l’Europe entière et inauguré pour la France trois quarts de siècle de déclin convulsif. Parmi ces nombreux écrits, presque rien sur l’Empereur, sinon cette sempiternelle rengaine d’un souverain défait, errant sur les champs de bataille en quête d’une mort qui lui épargnerait le déshonneur. Pourtant, qu’il fut tragique le sort d’un homme, d’un chef dépossédé du pouvoir, puis dépouillé du commandement militaire, et ce destin méritait peut-être le silence. L’impeccable réserve que s’imposèrent ses compagnons d’infortune l’explique encore. Pourtant comme ce fut le cas ultérieurement de Nicolas II, Napoléon III incarne le parfait héros des tragédies classiques : la prémonition du désastre, mais surtout son acceptation ; la souffrance physique qu’il endure (une pierre grosse comme le poing lui obstrue la vessie) ; la cruauté de ses relations avec l’impératrice qui ne pense qu’à la des tinée de son fils. Tout ceci soutient une tension dramatique qui s’installe dès le début de la crise avec la fameuse dépêche d’Ems, concoctée par Bismarck, qui dès la nomination du duc de Gramont à la tête des Affaires étrangères s’était écrié : « Mais c’est un veau ! ». La suite des événements ne fit que lui donner raison. Alors que l’Empereur se serait bien résolu à rappeler le contingent de zouaves stationné au Saint-Siège, afin de bénéficier du soutien italien contre la Prusse, son ministre des Affaires étrangères s’exclama : « La France ne peut défendre son honneur sur le Rhinet la sacrifier sur le Tibre ! » Peu d’hommes en vérité on fait preuve de lucidité du côté français dans cette aventure comme ce fut le cas du colonel Stoffel, l’attaché militaire à Berlin, dont les rapports alarmants avaient démontré que la Prusse s’était depuis longtemps méthodiquement préparée à la guerre et certainement mieux que la France. Du côté français on confondit mobilisation et concentration des troupes, celles-ci donnèrent lieu à une véritable débandade générale. Début août, la France aligna 435 000 hommes en état de se battre, l’Allemagne unifiée près du double. L’historiographie française fut longtemps sévère à l’égard de Napoléon III. La République assuma crânement ses propres contradictions. Mac Mahon, piteux, avait fui l’Alsace, il avait livré l’armée de Sedan. L’amputation des provinces de l’Est occulta le gain de la Savoie et du comté de Nice. On en retint que la dictature se gardant bien de rappeler qu’elle avait accouchée d’une ébauche parlementaire élaborée et sincère. En instaurant cet « Empire libéral » Napoléon avait peut-être espéré une postérité d’homme providentiel. La tragique aventure de l’été 1870 à laquelle on l’avait poussé mit fin brutalement à tous ses rêves. Pour un siècle les manuels d’histoire n’opposèrent que « l’empereur de carton pâte » au « chancelier de fer ». Mais depuis une vingtaine d’années, la réhabilitation de Napoléon III est en cours. Philippe Séguin lui donna quelques lettres de noblesse. Napoléon III réapparaît en champion des nationalités, en homme fort par lequel, dans la paix, aurait pu arriver la démocratie. L’expédition du Mexique se justifierait presque, en contre-feu à l’hégémonie américaine. Etrange France, qui a toujours, dans le sang, tourné le dos au pouvoir monarchique, mais qui dans ses tréfonds a la nostalgie des fastes de la cour etréélit à chaque fois un monarque républicain.
Eugène Berg

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L'été en enfer