Atlas de l'Allemagne

Les contrastes d'une puissance en mutation

Autor/Hrsg Auteur/Editeur: Deshaies, Michel
2011, Autrement, Paris 2011, ISBN10: 2746715457

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Rezension / Compte rendu:
Géographie économique

Un Atlas sur les réalités allemandes

Dans ce court ouvrage, synthétique, bien cartographié, rédigé par Michel Deshaies, professeur de géographie à l’université de Nancy-II, on rencontre d’emblée les représentations habituelles que les Français portent généralement à l’égard de leur plus proche voisin. Contrairement à une France centralisée « une et indivisible », l’Allemagne apparaît dans cet Atlas diverse, multiple, plurielle. Sa structure fédérale, son chapelet de villes importantes, parmi lesquelles Berlin n’est pas la plus riche, son dense maillage urbain, ses paysages industriels, comme ses industries de la connaissance que l’on trouve concentrées dans des villes comme Munich, Stuttgart ou Francfort, ce sont là autant de caractéristiques qui différencient l’Allemagne de l’Hexagone.
Cependant l’interrogation perce. Malgré ses éclatantes réussites économiques, le pays peine à obtenir la reconnaissance internationale due à son rang. Héritage du passé ou hésitations supposées du présent ? La question reste ouverte, sinon controversée. Est-il encore vrai que des inquiétudes se font sentir chez certains responsables ou au sein de couches de la population ? L’Allemagne s’en tient elle toujours à la culture de la retenue ? Reste-t-elle une puissance purement civile ? Peut-on encore se contenter de la sentence de la chancelière Angela Merkel : « il ne s’agit pas de se placer au-dessus des autres, mais d’assumer une plus grande responsabilité en demandant à participer aux affaires du monde et à co-décider ». Quelques pages de l’Atlas, agrémentées de commentaires mettent en relief le rayonnement économique, technologique et culturel de l’Allemagne. Deux pages sur les Allemands en Europe, au nombre de plus d’un demi-million. Quelques mots sur les Baléares, le « dix-septième Land ». Mais rien sur les communautés allemandes dans le monde, les plus anciennes établies aux Etats-Unis en constituent pourtant presque la majorité du « bloc anglo-saxon », et si celles des Allemands dits de la Volga ont quasiment disparu, que dire des communautés allemandes en Amérique latine ou au Kazakhstan ?
L’Allemagne et la France font l’objet d’une double page : « Une relation si particulière, avec un commerce déséquilibré ». L’un des problèmes est qu’il l’est de plus en plus. L’influence allemande dans le monde est illustrée par une carte montrant la présence de la « Bundeswehr » dans les opérations militaires décidées par l’ONU, celle des Instituts Goethe dans le monde (il aurait fallu peut-être les comparer aux Instituts français, au « British Council » et même aux « Confucius »). Les dix principaux partenaires commerciaux de l’Allemagne sont passés en revue, avec un encart particulier consacré au partenariat Allemagne-Russie, cette dernière fournissant à l’Allemagne 37 % de sa consommation de gaz et 31 % de son pétrole. Par contre on ne trouve presque rien sur les liens avec les Etats-Unis, la Chine ou le Japon, faute de place.

Un pays de contrastes
Il n’y a que peu à dire sur la description des territoires, de leur évolution, le fait qu’il existe un peuple allemand, mais encore deux sociétés, un pays de contrastes entre la plaine du Nord et les montagnes du Sud. L’espace agricole est présenté avec ses structures agraires contrastées, mais rien n’est dit sur les productions. Ne dépassent-elles pas celles de la France dans de nombreux domaines ? Allemagne maritime, avec les nouveaux enjeux des polders de la Mer du Nord, Allemagne fluvial aussi avec ses risques naturels. Puis suivent quelques éclairages sur des régions qui se détachent. La Bavière bien sûr, entre tradition et haute technologie. La Saxe en renouveau, avec la carte des implantations industrielles nouvelles dans l’automobile, la microélectronique, le solaire. La Ruhr postindustrielle. Plusieurs pages décrivent les résultats d’un siècle de bouleversements démographiques dont a résulté une concentration du peuplement allemand dans la partie occidentale (différentiel de densité de presque 1 à 2). Ses contrastes de peuplement s’accentuent encore : alors que les « nouveaux Länder » ont perdu depuis 1990 entre 12 et 15 % de leur population, ceux de l’Ouest les plus dynamiques au Sud (Bade-Wurtemberg, Bavière) ont augmenté le leur de 10 %. Ce qui se traduit notamment par le déclin des grands ensembles comme celui de « Silberhöhe », le quartier sud de Halle, à l’Est.
Plus grave encore, thème que la presse française se plaît si souvent à souligner, l’Allemagne a connu une dénatalité précoce, et cherche à enrayer son déclin démographique. Faut-il tenir pour quasiment acquis qu’en 2050, la France et l’Allemagne compteront chacune 70 millions d’habitants ? D’autres aspects sont également analysés, les disparités sociales qualifiées de « profondes ». N’est-ce pas le cas de la quasi-totalité des pays européens ? Certes le PIB moyen dans les nouveaux « Länder » n’atteint que 70 à 75 % de celui des anciens, mais il n’était que de 35 % en 1990. Le PIB par tête de l’Ile-de-France n’est-il pas le double de celui du Languedoc-Roussillon ou du Limousin ?
Quant au modèle social allemand, Michel Deshaies juge qu’il est remis en cause, comme d’ailleurs l’économie sociale de marché qui « ne semble plus pouvoir jouer son rôle de stabilisateur ». Jugement fort bref, peu étayé. On revient sur des « vérités plus sûres » en abordant la puissante industrie en renouvellement : importance croissante des industries à forte densité de savoir, prédominance des métropoles du Sud. Si l’industrie automobile est un des piliers de l’économie, l’essor des énergies renouvelables est prometteur. Quelques pages sont consacrées aux « ambigüités » de la politique énergétique. Malgré l’essor des énergies renouvelables, l’Allemagne reste dépendante des sources fossiles; le charbon et le lignite fournissant la moitié de sa production électrique. Quel sera, du fait de la sortie programmée du nucléaire, la part du gaz russe dans le mix énergétique ? Les liens entre politique énergétique et environnement deviennent essentiels. Si la lutte contre la pollution de l’air a connu de réels succès, l’exploitation de lignite par contre a conduit à des déplacements de populations, à Garzweiler II par exemple, dans la région de Cologne. Heureusement, les espaces protégés sont assez étendus (8 413 couvrant une superficie de 12 716 km2 soit 3,6 % du territoire).
Cet « Atlas de l’Allemagne » propose une vue essentiellement de géographie économique donc, tel était le but de cet ouvrage, qui présente un réel intérêt pour le lectorat français et renverra aux lecteurs allemands le miroir dans lequel son partenaire le perçoit de manière si souvent favorable.
Eugène Berg

Vorbild Deutschland?
Michel Deshaies bietet mit seinem "Atlas de l’Allemagne" wirtschaftsgeografische Einblicke in ein Land, das im französischen Präsidentschaftswahlkampf 2012 häufig als "Vorbild" gepriesen wurde – die Leser, so der Rezensent, werden verstehen, warum.
Red.

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