Das sozialdemokratische Jahrzehnt

Von der Reformeuphorie zur Neuen Unübersichtlichkeit. Die SPD 1969-1982

Autor/Hrsg Auteur/Editeur: Faulenbach, Bernd
2011, J. H. W. Dietz Nachf., Bonn, ISBN10: 3801250350

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Rezension / Compte rendu:
La décennie social-démocrate

Un ouvrage de référence sur l'ère Willy Brandt - Helmut Schmidt

L’ouvrage de Bernd Faulenbach constitue le troisième volume d’une série d’études indépendantes consacrée à l’histoire de la social-démocratie allemande depuis 1945. Le premier volume étant consacré aux temps de la reconstruction et de l’opposition au niveau fédéral (Kurt Klotzbach), le second à la période de la Grande coalition (Klaus Schönhoven), voici venu le temps dela « décennie social-démocrate » par excellence.
Les débuts de cette « longue décennie » se situent chronologiquement à mi-chemin entre la fondation de la République de Bonn et les bouleversements de l’année 1989/90. C’est dire qu’il ya lieu de s’interroger aussi bien sur les modifications apportées aux politiques, structures et comportements formés durant l’Allemagne de l’ère Adenauer que sur les effets à moyen terme, y compris sur les rapports entre les deux Etats allemands et l’acceptation de l’unité du pays par les voisins européens. L’objectif de Bernd Faulenbach n’est pas de présenter une histoire étroite du SPD, mais d’analyser le rôle que ce parti et ses représentants ont pu jouer, en interaction avec d’autres forces et mouvements politiques, culturels et sociétaux, dans la consolidation de la démocratie allemande et son adaptation aux nouveaux défis.
Le sous-titre de l’ouvrage ne laisse guère de doute sur le fait qu’il s’agissait d’une décennie à multiples facettes et aux mutations rapides. Le visage de l’Allemagne fédérale tout comme son rôle sur la scène internationale au début des années 1980 se trouvent fondamentalement transformés par rapport à la situation de départ, à la fin des années 1960. Le tout consiste naturellement à déterminer ce qui relève de facteurs décidés au niveau politique et ce qui est dû aux mouvements plus larges et plus profonds de l’histoire dont l’ensemble des sociétés industrialisées a pu faire l’objet. Parmi les grands thèmes, on trouve alors la nouvelle Ostpolitik, les grands projets de réformes et leurs résultats, les transformations sociaux-économiques, le rôle de l’Etat social, le débat sur les euromissiles.

Une « troïka » historique
A vrai dire, les deux périodes de gouvernement – celle de Willy Brandt et celle de Helmut Schmidt – ne se ressemblent guère : au premier chancelier social-démocrate de la RFA le départ vers de nouveaux horizons, l’ambition de mettre en place une société juste, une démocratie « participative »    (déjà !) et une politique extérieure visant la paix, la coopération et la réconciliation ; à son successeur la gestion des affaires en temps de crise, le management de la politique à plus courte échéance et le retour aux réalités, que ce soit en matière de « démocratisation » de la société ou au niveau des relations Est-Ouest.
S’y ajoute que la passation de pouvoir entre Brandt et Schmidt coïncide à peu près – plus ou moins par hasard – avec la césure historique qui dépasse le seul cadre allemand, celle de la fin de la période de croissance (et d’optimisme) des sociétés occidentales et l’arrivée de taux de chômage en augmentation, de budgets en déficit, ainsi que d’une prise de conscience des limites de l’exploitation des ressources planétaires. Les deux chanceliers sociaux-démocrates deviennent ainsi les figures de proue de deux époques assez nettement distinctes.
Bernd Faulenbach ne cache guère la sympathie de fond avec laquelle il analyse l’action des gouvernements à dominante social-démocrate et ses effets sur la société allemande. Professeur émérite à l’université de Bochum, c’est un spécialiste reconnu de l’histoire du mouvement ouvrier, de l’histoire de la conscience historique, des questions de l’identité allemande, il est par ailleurs président de la Commission historique auprès du comité directeur du SPD. Mais loin de le faire céder à l’apologie facile, cette position de témoin direct de son temps semble parfois amener l’auteur à retenir son jugement personnel et à chercher ce que l’on appellerait en France la « synthèse ».
En attestent, pour l’illustration, ses portraits des membres de la « troïka » dont faisait également partie, outre Willy Brandt et Helmut Schmidt, l’homme de l’appareil du SPD, Herbert Wehner. On sait que les rapports entre ces trois personnages qui ont façonné le SPD pendant près d’un quart de siècle étaient tout sauf faciles. Et comment aurait-il pu en être autrement, compte tenu de parcours et de personnalités si différents : Brandt, le résistant, l’intégrateur charismatique, doté à la fois de sens pragmatique et de force visionnaire ; Schmidt, l’homme politique polyvalent qui, observe Faulenbach, se rapprochait, pour beaucoup d’Allemands, de « l’idéal » d’un chancelier ; enfin Wehner, l’ex-communiste, l’homme dur et autoritaire, peut-être indispensable pour ouvrir le chemin du pouvoir au SPD, durant les années 1960. Bernd Faulenbach cherche à rendre justice à chacun de ces grands « fauves politiques », faisant juste remarquer que Willy Brandt est depuis longtemps considéré comme un homme d’Etat qui a marqué l’histoire, que Helmut Schmidt bénéficie désormais d’une aura d’« elder statesman », tandis que Herbert Wehner, le mal-aimé, disparaît peu à peu des mémoires.
Les phases d’ascension au pouvoir de ces deux chanceliers, tout comme celles du déclin et de la chute, suscitent un intérêt particulier. A côté de différences évidentes (formation d’une nouvelle « petite » coalition en 1969, reconduction de celle-ci en 1974 ; la durée des périodes au pouvoir), certains parallèles peuvent frapper : la position de force du chancelier dans un premier temps ; en phase de déclin, les controverses à l’intérieur du SPD (radicalisation des jeunes, débat sur la dissuasion), renforcées par les divergences au sein de la « troïka » ; les difficultés économiques qui marquent la fin des deux périodes de gouvernement ; enfin, l’usure physique et psychique des deux leaders qui ne les a pas empêchés, par la suite, decommencer, chacun à sa manière, une nouvelle carrière.
D’un bout à l’autre de son ouvrage, Bernd Faulenbach insiste sur l’apport de la « décennie social-démocrate » à l’« occidentalisation » de l’Allemagne fédérale, par l’affirmation des pratiques démocratiques, l’émergence de multiples formes de participation active dans la vie publique et une contribution essentielle au dépassement de l’affrontement Est-Ouest. Comme si, sans parler de « modèle allemand », l’Allemagne avait définitivement trouvé, durant cette période, malgré les turbulences économiques, la remontée des tensions internationales ou les pièges du terrorisme, la matrice de son bon fonctionnement.

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Das sozialdemokratische Jahrzehnt