Rezension / Compte rendu:
Près du berceau de l'Europe
Paul Collowald est né en 1923 et toute sa vie a été consacrée depuis 1948 à la construction de l'Europe, que ce soit comme correspondant du Monde à Strasbourg, comme porte-parole de deux viceprésidents de la Commission européenne, ou encore comme directeur général de l'Information au Parlement européen. D'où le titre de son ouvravesge, J'ai vu naître l’Europe. Comme le souligne l'ancien président de la Commission Jacques Delors dans sa préface de l'ouvrage, Paul Collowald est « un militant, nourri par sa foi profonde, soucieux d’élargir son service à la vie associative, pour les plus nobles causes ». Ce ne sont pas des mémoires qu'il propose dans son livre, il reste fidèle à cette voca-tion de serviteur, non pas en formulant des convictions ex cathedra, mais en répondant aux questions d'une journaliste indépendante, Sophie Allaux-Izoard, diplômée du Collège d'Europe de Bruges : « Faire fi de la mémoire, c'est éteindre l'homme », écrit-elle dans son avant-propos, dans lequel elle précise que « la rencontre avec l'un des témoins de l'étincelle du dessein européen, par la fécondité nourrie du dialogue intergénérationnel qu'elle allait susciter, était de l'ordre d'une responsabilité à assumer ». Le témoignage de Paul Collowald est un message d'espoir à rebours de l'euroscepticisme ambiant (« Il n'est pas trop tard, mais il est temps »). Certes, de par ses fonctions, il évoque la grande histoire de l'Europe, mais il n'en oublie pas pour autant les aspects anecdotiques qui ont jonché la construction européenne, dont il est l’un des pionniers, « impatient, inquiet, mais pas résigné ».
Paul Collowald ne cesse de rappeler que « les réalités européennes d'aujourd’hui sont faites, comme hier, de fortes imbrications de nature politique, économique, sociale et culturelle, le tout s'inscrivant dans une histoire, avec des dates, des lieux et des hommes ». Pour lui, c’est son principal message adressé à la jeunesse, l’aventure européenne « n'est pas seulement un bel héritage, mais reste un grand projet politique à adapter et à consolider, pour faire face aux enjeux et aux défis d'aujourd’hui ».
Paul Collowald précise qu'il essaie d'être un témoin crédible « pour restituer et transmettre, en croisant les archives et les témoignages, la part de vérité historique que l’on doit pouvoir atteindre ». En conclusion, il cite une interview donnée en 1983 par l'historien Fernand Braudel : « Il faut réinventer les Etats-Unis d'Europe. Autrement, on ne sauvera pas la culture européenne. Ni même l'avenir économique de l'Europe, qui dépend d'un certain sens de notre destin unitaire ». Paul Collowald confirme : « Il nous faut à la fois persévérer et réinventer ».
Gérard Foussier