L’Alllemagne de Weimar 1919-1933

Autor/Hrsg Auteur/Editeur: Baechler, Christian
2007, Fayard, ISBN10: 2213633479

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Rezension / Compte rendu:
Un excès de démocratie

La République de Weimar est, de l’avis unanime des historiens, née dans des conditions difficiles, au lendemain d’une guerre mondiale après la défaite de novembre 1918, au lendemain d’une révolution qui a vu l’Empereur abdiquer et la monarchie laissant place à la République. Professeur d’histoire contemporaine à l’université Marc Bloch de Strasbourg et auteur d’une biographie de Guillaume II d’Allemagne (également chez Fayard en 2003), Christian Baechler analyse les modalités de démocratisation dans une Allemagne parlementaire paralysée par l’incapacité des partis politiques à trouver une solution à la crise économique et sociale. L’auteur revient sur ces années marquées par une situation catastrophique qui aura facilité l’arrivée de Hitler au pouvoir en 1933. Pour lui, le IIIe Reich n’était pas une fatalité. Weimar a certes connu l’humiliation de la défaite à Versailles, les abus d’un Etat-providence soucieux de relancer la machine économique, l’apparition d’une pléthore de partis politiques qui ne parviendront pas à maintenir une coalition stable au pouvoir, mais de 1924 jusqu’en 1929 Weimar aura donné l’impression que l’autoritarisme wilhelminien aura laissé la place à un parlementarisme capable de redresser le pays. Le krach de 1929 aura porté un coup sévère à l’Allemagne industrielle, provoquant une chute du pouvoir d’achat, une baisse des salaires et une progression du chômage (jusqu’à 30% de la population active) et l’apparition de partis extrémistes. Christian Baechler cite trois raisons essentielles de l’échec de Weimar : la défaite de 1918 bien sûr, la fin de la monarchie et le traumatisme des classes moyennes. Weimar, ville symbolique de la culture allemande avec Goethe et Schiller qui contraste avec l’agitation prussienne de Berlin, est aussi le symbole d’une défaite sans paix honorable, ratifiant un traité de Versailles source de rancœurs. L’auteur rappelle ces heures de novembre 1918, pendant lesquelles le social-démocrate Philipp Scheidemann proclame la République, deux heures avant que le spartakiste Karl Liebknecht ne proclame à son tour une République socialiste. Guillaume II, empereur et roi de Prusse, incapable d’assumer sa fonction de médiation entre le pouvoir civil et un pouvoir militaire aux prétentions hégémoniques, abdique, se refugie en Hollande, renonce formellement aux couronnes impériale et royale. Face à la lassitude des soldats et des ouvriers et face à un profond désir de paix, un mouvement révolutionnaire se développe sans pour autant bouleverser la société allemande et sans transformation en profondeur de l’ordre économique et social. C’est le 6 février 1919 que se réunit l’Assemblée nationale constituante à Weimar, « loin de l’agitation et des pressions de la rue berlinoise ». Friedrich Ebert devient président de la République. Jusqu’en 1923, une série de crises menace l’existence de cette « Allemagne nouvelle », la crise de la Ruhr en 1923 remet en cause l’unité même du Reich, mais Weimar trouve les réformes qui consolident le régime et la démocratie. En fin de compte, la véritable crise de la démocratie allemande, écrit Christian Baechler, « n’est pas provoquée par la fragilité du régime parlementaire et les critiques qui lui sont faites, mais par la crise économique et ses conséquences sociales catastrophiques ». L’auteur note que les derniers gouvernements n’ont plus de ministères conformes aux règles parlementaires, mais des cabinets présidentiels gouvernant contre le Reichstag et ne disposant que d’un soutien restreint : « la formation du cabinet Hitler le 30 janvier 1933 apparaît paradoxalement comme plus conforme aux usages parlementaires, car il est le chef du principal parti politique ». Et l’historien d’ajouter : « le vote des pleins pouvoirs à Hitler le 23 mars, pleins pouvoirs renouvelés jusqu’en 1945, met la constitution de Weimar hors service, sans qu’elle soit jamais formellement supprimée ». En conclusion, l’auteur relève que « les fondateurs de la République de Weimar ont voulu créer le régime le plus démocratique possible en donnant l’application la plus large au président de la République, mais aussi avec la procédure du référendum d’initiative populaire qui permet, à tout moment, de remettre en cause le pouvoir des gouvernants ». A son avis, le souci de la démocratie l’a emporté sur le souci de l’efficacité du système politique. Weimar aurait donc échoué « par excès de démocratie ». La lecture du livre de Christian Baechler permet de mieux comprendre pourquoi, aujourd’hui encore, le spectre de Weimar domine les débats politiques, dès lors que de nouveaux partis font leur apparition et que des majorités ont quelque difficulté à se former.
Gérard Foussier

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L’Alllemagne de Weimar 1919-1933