Documents 2/2008
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Génération 68 – 40 ans après les révoltes de mai

 

Depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Élysée,voici bientôt un an, d'aucuns observent les faits etgestes du nouveau président en direction del'Allemagne, comme si la relation franco-allemande,à défaut de rouler sur de nouveaux rails, étaitmenacée de dérailler. L'annulation du sommetprévu le 3 mars en Bavière et repoussé au mois dejuin a fait l'objet d'interprétations diverses, Pariset Berlin ont bien vite réagi. Le président françaisa accepté d'inaugurer le 3 mars avec la chancelièrele salon de l'informatique à Hanovre. Pas desommet, juste une rencontre pour faire le pointavec quelques phrases destinées à rassurer les sceptiqueset montrer que tout va bien. Cela ne signifiepas que les pendules de la coopération bilatéraledoivent désormais s'arrêter. C'est d'ailleursdans cet esprit que le ministre-président deRhénanie du Nord/Westphalie Jürgen Rüttgersveut agir en lançant avec le parrainage du premierministre François Fillon une année française, àlaquelle s'associent Documents et Dokumente,pour bien montrer combien la France reste unsujet de motivation dans la société civile allemande,mais aussi pour faire connaître aux Françaisune région qu'ils appellent sans autre précision« Bassin de la Ruhr ».Plus que jamais, Français et Allemands ontbesoin de se comparer pour se comprendre. Audelàdes différences, ce sont parfois les similitudesinattendues qui surprennent. Dans les deux payspar exemple, gauche et droite revendiquent lesmots-clés Centre et Mitte pour gagner les faveursde l'électorat et mener à bien ce que tout lemonde prétend revendiquer : les réformes. Toutesles formations politiques réclament des réformes,personne ne conteste qu'elles soient indispensableset inévitables pour confier aux générationsfutures une société juste. Les idées ne manquentpas, leur concrétisation fait malgré tout l'objet decontestations qui freinent ce processus deréformes. Il y a quarante ans, en 1968, la planèteétait en effervescence, du Vietnam à la placeVenceslas au coeur de Prague, de la Sorbonne auxamphithéâtres de Berlin et de Francfort, le mondene parlait pas de réformes, mais de révoltes, voirede révolutions. En France comme en Allemagne,on voulait changer de société, aujourd'hui on veuttout au plus changer la société. En 1968 lesjeunes cherchaient de nouvelles valeurs pour marquerleur différence avec la génération de leursparents, ils clamaient dans les rues qu'il étaitinterdit d'interdire. En 2008, avec l'expérience dequatre décennies et sous l'influence d'une mondialisationdes comportements, on veut sauvegarderdes valeurs fondamentales, on n'hésite pas àinterdire ce qui était présenté en 1968 comme dessymboles de liberté et on met un frein à l'appétitvorace du capitalisme sans pour autant réclamerun changement d'idéologie – on prône l'interdictionde fumer en public, on lutte contre la pollutionde son environnement, on dénonce la corruptionet le gaspillage.Que reste-t-il de 1968 ? La question, souventposée ces dernières semaines, ne supporte pas deréponses absolues. Une société se doit d'être enperpétuelle évolution, 1968 a changé les mentalités,les habitudes, les rapports familiaux, le mondedu travail. La guerre froide n'est plus, le terrorismea changé de masque, l'Europe s'élargit, les frontièrestombent, les différences de société, du moinsentre la France et l'Allemagne, s'estompent.Les soixante-huitards sont aujourd'hui au pouvoir.En ouvrant le dossier de la « génération 68 »Documents et Dokumente ne prétendent pas fairele bilan, mais seulement analyser ce qui peut être,ou pas, considéré aujourd'hui comme l'héritagede 1968, tout comme cela a déjà été fait en 1978,en 1988 et en 1998. Avec à chaque fois desréponses différentes. Gérard Foussier

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Gérard Foussier
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