Rezension / Compte rendu:
Partis et société

Les dernières élections législatives allemandes ont montré la difficulté de composer désormais des majorités, alors que six partis politiques se partagent les sièges parlementaires. La France est plus habituée que l'Allemagne à cette fragmentation des mouvements et partis qui ne cessent de prôner l'unité et le rassemblement. Avec le concours d'une vingtaine d'auteurs des deux pays, Claire Demesmay (qui dirige le programme Relations franco-allemandes à la Société allemande de Politique étrangère DGAP) et Manuela Glaab (qui dirige le groupe de recherche sur l'Allemagne au Centre de recherche politique appliquée de l'université de Munich) proposent une analyse comparative et décryptent les positions des différentes formations sur les grandes questions politiques du moment. La comparaison sur le statut des partis, leur financement et celui des campagnes électorales sont riches en enseignements. Un seul exemple suffira à démontrer tout ce qui différencie le paysage et la culture politiques dans les deux pays voisins : en France comme en Allemagne, les recettes de toutes les formations politiques se calculent en millions d'euros (53 millions pour l'UMP en 2006 et 48 pour le PS) - en tout 165 millions pour une cinquantaine de partis ; en Allemagne, la totalité des recettes pour la même année dépassait les 166 millions … rien que pour le parti social-démocrate SPD et 146 pour le parti chrétien-démocrate CDU.
Les auteurs relèvent cependant « les mêmes phénomènes sociologiques, tels que l'affaiblissement du clivage gauche/droite, l'abstention croissante depuis les années 1980 et une crise de représentation qui ont conduit à une crise de l'adhésion partisane », phénomènes qui ont provoqué dans les années 60-70 une émergence de partis périphériques par rapport au « système politique » qui veut que « les membres de partis hégémoniques à la droite de l'échiquier (CDU et UMP) et à sa gauche (SPD et PS) tendent à occuper les principales positions de pouvoir dans les deux pays ».
On lira avec intérêt le chapitre sur les stratégies de communication en France et en Allemagne, où « le poids des médias gagne en importance dans le phénomène de légitimation par la communication ». Les évolutions sont similaires, mais les différences sur le rôle des médias dépassent le cadre des simples nuances.
L'ouvrage se termine sur un chapitre consacré à l'avenir de l'intégration européenne, et à la position des partis politiques sur cette question, « fortement liée à leur histoire ». L'auteur relève que les « constantes historiques influencent leurs programmes et plus encore la politique qu'ils mènent lorsqu'ils sont au pouvoir ». Avec une France, dont la politique étrangère est essentiellement de la compétence du chef de l'Etat et qui reste partagée « entre son exigence d'hégémonie et le constat que seule l'Europe peut lui permettre d'assouvir ses ambitions », et une Allemagne, où les partis se retrouvent « autour d'un consensus de principe sur l'intégration européenne », au moins depuis le congrès historique du parti social-démocrate à Bad-Godesberg en 1959, mis à part quelques avis divergents (mais isolés) sur la définition et l'intensité de cette intégration européenne.
François Talcy

Das Buch über die Zukunft der politischen Parteien in Frankreich und Deutschland liefert einen umfangreichen analytischen Vergleich über die beiden politischen Systeme, über die Finanzierung der Parteien und deren Wahlkämpfe und über die meist unterschiedlichen Programme zu aktuellen Themen der politischen Auseinandersetzung (Soziales, Sicherheit, Kommunikation, Europa).
Red.