Rezension / Compte rendu:
L'ombre du peuple

Benjamin Constant und die Anfänge liberaler Repräsentationskultur im Frankreich der Restaurationszeit 1814-1830.

Benjamin Constant (1767-1830) a été l’un des principaux théoriciens constitutionnels du libéralisme de gauche en France, contre les Jacobins et contre Napoléon Bonaparte qui prétendaient définir le bonheur de la nation depuis le sommet de l’Etat. Peter Geiss publie une version remaniée de sa thèse de doctorat consacrée à cet héritage libéral de la Révolution française grâce à l’analyse dans les départements dans lesquels Benjamin Constant, « l’ombre du peuple », a été député, la Sarthe de 1819 à 1822 et la Seine de 1824 à 1827, ainsi que le Bas-Rhin de 1827 à 1830. Benjamin Constant, né à Lausanne, a étudié à Erlangen, Paris et Edinburgh, avant de suivre les bouleversements révolutionnaires français depuis la Cour du duc de Brunswick. Lié à Germaine de Staël, il s’installe à Paris avec l’intention d’influencer politiquement la République modérée instaurée après la chute de Robespierre. Opposé au système centraliste des préfets, il deviendra vite 'persona non grata' aux yeux du Premier Consul, ce qui lui vaudra d’être exclu de la vie politique. Il en profitera pour s’intéresser à la vie culturelle en Allemagne, notamment depuis la bibliothèque de l’université de Göttingen, avant de se rallier à Napoléon pendant les Cent Jours et devenir chef de l’opposition libérale. L’auteur de cette étude approfondie analyse l’évolution de la situation politique en ce début de 19e siècle, depuis la critique formulée à l’encontre des formes autoritaires de représentation jusqu’à la conception d’un « gouvernement représentatif » sous la monarchie constitutionnelle. L’ouvrage revient également sur les grands débats consacrés au droit électoral et aux lois sur la presse. Il permet de mieux comprendre les termes aujourd’hui encore utilisés de gauche/centre/droite, de libéralisme et de parlementarisme. Peter Geiss termine par cette citation de Léon Gambetta : « Il faut faire du suffrage universel, qui est la force par le nombre, le pouvoir éclairé par la raison. Il faut achever la Révolution ».
Jérôme Pascal