Leben wie Gott im Elsass

Deutsche Fantasien

Autor/Hrsg Auteur/Editeur: Graff, Martin
2012, Klöpfer&Meyer, Tübingen, ISBN10: 3863510410

Dieses Buch jetzt bei Amazon.de ansehen
Dieses Buch wurde rezensiert in der Ausgabe: Dokumente/Documents 1/2013 

Voir ce livre sur Amazon.fr
Ce livre a fait l'objet d'un compte rendu de lecture dans le numéro : Dokumente/Documents 1/2013 

Rezension / Compte rendu:
Comme Dieu en Alsace
Un livre sur le franco-allemand à l’Ouest du Rhin

L’Alsace est une région propice à la présentation des relations franco-allemandes. Une histoire mouvementée qui reste présente dans les esprits et qui n’a pas aboli tous les préjugés allemands sur cette région.

Vivre comme Dieu en Alsace – le titre de l’ouvrage de Martin Graff fait allusion à un dicton allemand, selon lequel « vivre comme Dieu en France » est synonyme d’une manière de vivre que les Allemands envie(raient) aux Français. L’équivalent français n’est pas tout à fait dans la même lignée : « vivre comme un coq en pâte » suppose a priori que le coq en question n’est plus en vie. Et même le lien entre l’Alsace et la France doit être pris avec précaution : l’auteur fait remarquer en effet que le quartier de Strasbourg qui s’appelle Petite France doit son nom à un hospice qui jadis soignait les patients atteints par la « maladie des Français » (Franzosenkrankheit), la syphilis. Finesses du langage.
Ces deux exemples montrent bien dans quel esprit l’auteur alsacien a écrit son livre, riche en anecdotes et en observations personnelles, pour montrer aux lecteurs que sur la rive gauche du Rhin, l’Alsace donc, la vie obéit à d’autres règles que dans le reste de la France.
C’est bien sûr avant tout un livre sur l’Alsace et les Alsaciens, mais aussi sur ces quelque 20 000 Allemands qui vivent dans la région (mais travaillent en Allemagne) et sur les innombrables couples franco-allemands qui ont choisi de s’y implanter ou de la quitter, faute de pouvoir s’adapter. Paru quelques semaines avant la célébration du 50e anniversaire de la signature du Traité de l’Elysée, le livre de Martin Graff n’est pas une documentation de plus sur la coopération franco-allemande, et même lorsqu’il évoque des jeunes il ne rend pas forcément hommage à l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse. Son propos est tout autre : alsacien, bilingue, il ne se complaît pas dans les bilans élogieux, mais recherche plutôt les failles d’une identité qui a fait passer plusieurs fois ses voisins, amis, collègues et interlocuteurs de la région, du moins les plus âgés, d’une nationalité à l’autre. Il décrit avec humour et ironie les déclarations d’amour binationales et les divers rapprochements (y compris ceux de l’Histoire qui n’ont rien d’une histoire d’amour) pour en faire un véritable kaléidoscope de préjugés et d’idées reçues qu’il s’efforce de combattre, de rectifier ou de confirmer. Il n’a pas la plume tendre pour critiquer ces Allemands qui veulent vivre à la française dans cette terre de culture germanique et ces Français qui regardent l’Alsace comme une région à part, sans oublier ces Alsaciens qui ont « oublié » d’apprendre l’allemand ou de l’enseigner à leurs enfants, alors que leur position géographique, peu enviable en temps de conflits franco-allemands, les prédestinait à montrer l’exemple du multilinguisme en temps de construction européenne. En réalité, observe l’auteur, ce ne sont pas les Alsaciens qui construisent aujourd’hui l’avenir franco-allemand de l’Alsace dans une Europe en paix, mais bien les couples franco-allemands établis dans la région qui éduquent aujourd’hui leurs enfants dans les deux langues.
Martin Graff n’est pas un politique, il n’a pas de projet sociétal particulier, il est avant tout journaliste, chansonnier, homme de théâtre, observateur privilégié des particularismes frontaliers, et surtout un Alsacien de coeur qui vit pour son Alsace natale. Qui aime bien châtie bien – il aurait fallu une version française du livre pour expliquer sans détours aux Alsaciens qu’il serait temps de réaliser que l’Europe est en marche. Cependant l’auteur cherche d’abord à informer les lecteurs allemands pour mettre fin à des tas d’affirmations erronées sur l’Alsace, mais aussi pour critiquer les uns et les autres de part et d’autre du Rhin, là où la critique fait mal. Mais il chatouille plus qu’il ne critique, il décrit tout simplement son vécu, ses expériences personnelles et, dans un style alerte, il enrobe ses piques d’un humour acerbe, sans jamais oublier de revenir sur ce terrible passé où l’Alsace a été la première victime de ce qu’il appelle joliment les « Patr’idioten » – un néologisme qui revient sans cesse dans son récit.
En évoquant à longueur de pages ces « Malgré-Nous » (130 000 jeunes enrôlés dans la Wehrmacht entre août 1942 et la fin de la guerre, dont 30 000 ne reviendront pas au pays) et ces 6 000 enseignants alsaciens envoyés de l’autre côté du Rhin pour y être « germanisés », Martin Graff met le doigt sur une plaie qui n’est toujours pas cicatrisée. Même en quittant l’uniforme allemand en 1945, ces jeunes Alsaciens restèrent marqués par un passé nazi, auquel ils n’avaient pas la possibilité d’échapper. Et de regretter amèrement que le manuel scolaire franco-allemand d’Histoire, présenté comme un symbole fort de l’entente retrouvée,ne fournisse pratiquement aucune information sur l’Alsace. Deux pages sont consacréescertes à l’Alsace-Lorraine de 1871 à 1918, maisaucun mot à l’annexion par le Troisième Reich.
En 48 chapitres, qui sont autant de rencontres de « couples » franco-allemands, l’auteur fait le portrait de ses passe-frontières qui font l’Alsace d’aujourd’hui : deux bourgmestres, un ministre des Affaires étrangères (Guido Westerwelle), un ancien chancelier, un électricien et une physiothérapeute, un couple de pasteurs, un gendarme, des juges et autres fonctionnaires, des étudiants, des éditeurs – ce n’est pas un sondage, mais l’ampleur du travail tendrait à s’approcher d’une certaine forme de représentativité, même si le choix des personnes interrogées est bien celui de déceler les erreurs, ou du moins les différences, de jugement.
Tout le monde en prend pour son grade : ces professeurs d’université allemands par exemple qui tiennent à leur titre de professeur-docteur et aux autres honneurs académiques au point de faire réimprimer un carton d’invitation sur lequel un « Dr. hc. mult. » avait été oublié parmi les autres « Prof. Dr. Dr. ». Les chansonniers alsaciens avaient là leur sujet préféré de moquerie entre 1870 et 1918, thème repris régulièrement au Théâtre de la Choucrouterie à Strasbourg. Que les Français, Alsaciens et autres, ne rient pas trop vite : Martin Graff a trouvé l’équivalent des titres universitaires (il parle de « pendant psychologique ») – ce sont les titres de présidents et de directeurs qui inondent les administrations et les entreprises françaises.

Surréalisme alsacien

L’auteur s’en prend aussi à ce qu’il appelle le « surréalisme alsacien ». L’exemple est certes personnel, mais sûrement représentatif : né le 22
juin 1944 (donc allemand), Martin Graff a cherché à savoir depuis quand il a la nationalité française. Il y a certes une ordonnance du 14 septembre 1944 qui annule par décret les lois allemandes de 1940, mais sa ville natale, Stosswihr dans la vallée de Munster, n’a été libérée qu’en février 1945. Invité à présenter un acte de naissance en 2001, lors de son mariage, il refuse de payer la traduction et demande à voir l’original. C’est alors qu’il apprend qu’il a été « adopté par la nation en vertu d’un jugement rendu par le tribunal civil de Colmar »... en juin 1954. Dix ans après la fin de la guerre. Pourtant, note l’auteur un peu plus loin, les Alsaciens avaient traduit sans équivoque le nom du parti nazi (NSDAP) en « Nous Sommes Des Allemands Provisoires ».
Voltaire, l’ami du Vieux Fritz, avait trouvé refugen pour un temps à Riquewihr après s’être fâché avec Paris et Berlin : il avait qualifié les habitants de Colmar, et par extension les Alsaciens, d’ « Iroquois, ni allemands, ni français ». Martin Graff aurait pu préciser qu’au 18e siècle, iroquois signifiait bizarre et incompréhensible, acception sûrement peu connue des germanophones. Mais il peut revendiquer avoir corrigé d’autres erreurs (sauf celle du nom de Robert Schuman qu’il écrit avec 2 n, mais la faute est fréquente) – par exemple ce hourra patriotique après l’inauguration d’un pont qui permettrait enfin au TGV de traverser le Rhin à 160 km/h, alors que la gare de Kehl est située en bordure de fleuve et que le train doit s’arrêter avant en gare de Strasbourg.
La saga alsacienne, concède l’auteur, n’est rien, comparée à cet habitant né en Autriche-Hongrie, qui a appris l’alphabet dans les écoles tchécoslovaques, s’est marié en Hongrie, a travaillé essentiellement en Union soviétique et touché sa retraite en Ukraine, mais qui est fier de n’avoir jamais quitté sa commune, Mukatschewo (Munkatsch en allemand). Les Alsaciens, ballotés à plusieurs reprises entre la France et l’Allemagne, peuvent eux aussi affirmer qu’ils n’ont jamais quitté l’Alsace – cette région que certains jeunes interlocuteurs de Martin Graff (à Berlin ou en Suisse notamment) situent en Allemagne. Sur les téléphones portables polonais, les usagers arrivant dans la gare de la capitale alsacienne sont salués électroniquement par un message surprenant : « Bienvenue à Straßburg, Allemagne ». Même les chemins de fer allemands, demandant par courrier à l’auteur de payer sa carte de la Deutsche Bahn, ont envoyé leur missive en précisant sous le nom du village qu’il se trouve... en Guadeloupe. Que les Allemands se rassurent : longtemps, des Français de métropole ont demandé s’ils pouvaient payer leurs achats aussi en francs. L’arrivée de l’euro aura tout de même rectifié le malentendu. Pourtant, le 19 janvier 2011, Nicolas Sarkozy, encore président de la République française, précise dans un discours prononcé dans le village de Truchtersheim :
« Comme je suis en Allemagne... ». Martin Graff s’en accommode tant bien que mal : « C’est le destin des pays frontaliers ». Peut-être qu’en Alsace Dieu finalement est un Iroquois.
Gérard Foussier

Im Auftrag des Staates gelogen
"Das weiße Gebäude des Atomkraftwerkes von Fessenheim glitzert in der Sonne. Es handelt sich um das älteste Kernkraftwerk in Frankreich. Man hat es damals dicht an die deutsch-französische Grenze gebaut, nicht nur wegen des Rheinwassers, sondern auch, um die Deutschen das Fürchten zu lehren. Außerdem dachte man in Paris, dass im Falle einer Explosion der Westwind die Wolke über den Rhein nach Deutschland schicken würde. Ja, so dachte man damals, wie Tschernobyl es beweist. Als die Atomwolke nach Westen flog, stoppte sie am Rhein. Es sollte Jahrzehnte dauern, bis man in Paris zugab, dass die Wolke auch Frankreich überflog. Vor kurzem wurde einem neunzigjährigen Verantwortlichen der Atombehörde vorgeworfen, er hätte damals wissentlich gelogen. Der arme Mann musste vor Gericht auftreten und verstand die Welt nicht mehr, hatte er doch im Auftrag des Staates gelogen. Man muss allerdings fairerweise zugeben, dass die französische Regierung heute im Namen der deutsch-französischen Freundschaft um psychologische Schadensbegrenzung bemüht ist. Das AKW Fessenheim informiert die deutschen Nachbarn auf Deutsch über die atomare Wetterlage. Von Deutschland aus wählen Sie bitte 0800 1818352. Wenn Sie als deutscher Bürger im Elsassmwohnen, bitte die 08000 50568. Es handelt sich um eine sogenannte grüne Nummer, numéro vert. Der Anruf erfolgt kostenfrei."
Zitat aus dem Buch von Martin Graff

Glückliches Elsass?
Der gebürtige Elsässer Martin Graff hat, so der Rezensent, ein kenntnisreiches Buch über das Elsass und die Elsässer geschrieben. Darin führe er deutschen Leserinnen und Lesern anhand zahlreicher Anekdoten und sehr persönlich vor Augen, dass das Elsass aufgrund seiner speziellen deutsch-französischen Vergangenheit eigenen Gesetzen folgt.
Red.

Dieses Buch jetzt bei Amazon.de ansehen
Voir ce livre sur Amazon.fr
Leben wie Gott im Elsass