Dictionnaire du monde germanique

Autor/Hrsg Auteur/Editeur: Espagne, Michel
2007, Editions Bayard Presse, ISBN10:

Dieses Buch wurde rezensiert in der Ausgabe: Documents 6/2007 
Ce livre a fait l'objet d'un compte rendu de lecture dans le numéro : Documents 6/2007 

Rezension / Compte rendu:
Une approche originale

Un vrai défi. Il aura fallu plus de dix ans à plus de 300 auteurs pour mettre en forme cette somme d’informations proposées par ordre alphabétique de Abitur (baccalauréat allemand) à (Stefan) Zweig, avec pour point commun d’avoir toutes un rapport avec le monde germanique. Une explication bien sûr s’imposait en raison du choix de ce titre. L’équipe du Centre National de Recherche Scientifique (CNRS) spécialisée dansa les transferts culturels rappelle que le vocable « germanique » était fréquemment employé autour de 1800 dans son acception restreinte comme synonyme d’allemand : « le monde germanique désigne en d’autres termes ce que l’on pourrait appeler la germanophonie par analogie à la francophonie », il inclut donc la pluralité des pays de langue allemande, donc aussi la Suisse (sans Guillaume Tell) et l’Autriche (avec Andreas Hofer), mais n’est pas saisi à l’intérieur de ses frontières linguistiques strictes. Les auteurs ont donc cherché à « mettre en évidence les imbrications et transferts culturels qui relient le monde germanique aux espaces extérieurs ». On trouve dans cet ouvrage des problématiques plus que le détail des événements, une sélection impressionnante, mais évidemment arbitraire, de portraits de personnalités qui permettent de mieux comprendre l’aire culturelle allemande ou encore des définitions et des tendances qui résument des chapitres essentiels de l’histoire européenne, des cartes aussi qui complètent avantageusement la liste des sujets traités. Il est évident que dans le cadre d’un tel travail, nul ne saurait prétendre à l’exhaustivité et encore moins au respect de l’actualité immédiate. On notera tout de même que le texte consacré par exemple à Angela Merkel, chancelière et présidente de la CDU, fait état sans autre précision d’une génération Merkel-Platzeck, du nom du président du SPD Mathias Platzeck …qui a démissionné en avril 2006 et qui ne fait l’objet d’aucune autre mention. On cherche en vain une présentation de Gerhard Schröder. De même, si le président Gustav Heinemann a droit à une bonne page, le premier chef d’Etat de la République fédérale Theodor Heuss n’est évoqué qu’une sur seule petite ligne dans le chapitre consacré au premier chancelier Konrad Adenauer. Le plan Harz, cité une fois sans autres précisions, aurait pu faire l’objet d’une entrée, ne serait-ce que pour expliquer d’où vient le nom de cette disposition qui domine les débats sociaux depuis 2002. On recherche également en vain une analyse du phénomène de l’extrémisme de droite comme de gauche ou une présentation des partis politiques. Andreas Baader figure au chapitre terrorisme, mais le néonazisme, source de tant de commentaires à l’étranger après chaque exaction et chaque élection régionale ou locale, ne fait pas partie des questions de société abordées dans l’ouvrage. Le paysage médiatique semble lui aussi avoir été oublié, le chapitre sur les revues allemandes s’arrêtant au XIXe siècle. La colonisation La critique est facile et le petit jeu de recherche des lacunes tout autant, cela ne saurait en aucun cas minimiser l’approche originale ainsi que l’importance et l’ampleur du travail accompli. De l’urbanisme wilhelminien au choral luthérien, de Beethoven à Liszt, de l’industrie automobile à la phénoménologie, plus de 500 entrées brossent un riche tableau du monde germanique. Pour être exploité au mieux, ce dictionnaire du monde germanique mériterait malgré tout de comporter un index complet qui faciliterait la recherche. Peut-être sous forme d’ouvrage à part pour ne pas l’alourdir.
François Talcy

Dictionnaire du monde germanique